Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Grand Prix Cinéma ELLE
Grand Prix Cinéma ELLE

La 4ème édition du Grand Prix Cinéma organisé par l’hebdomadaire ELLE, a réuni les 4, 5 et 6 juillet dernier 120 jurées, venues de toute la France. Accueillies dans le flambant neuf et très confortable cinéma Pathé Beaugrenelle (15ème arrondissement de Paris), avec du champagne Piper-Heidsieck. Un festival très rythmé : à en perdre haleine, à en confondre jour et nuit. Tempo Prestissimo. Sept films en compétition, de réalisateurs confirmés, montants, mais aussi deux premiers films qui ont créé la surprise. Retour en musique sur ce week-end fulgurant, à travers « ma » sélection.

« Ma » palme d’ELLE (12 / 10) revient à « Whiplash » de Damien Chazelle, présenté à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Un jeune batteur de jazz est repéré par un professeur tyrannique, dans un conservatoire réputé de Manhattan. Quel est le prix de son talent et de sa reconnaissance ? On a le souffle coupé dès la première seconde de la première image de ce premier film. Le plus foudroyant. Du sang des larmes de la sueur. Réécouter Buddy Rich.

Sur la deuxième marche de « mon » podium : « Une Nouvelle Amie » de François Ozon (11/10), qui nous révèle l’art d’être une femme. Le plus abouti. Nicole Croisille s’impose.

Deuxième ex-aequo, un autre premier film : « Elle l’adore », de Jeanne Herry (11/10). De l’Eloge du mensonge, avec une Sandrine Kiberlain en fan virtuose. Ce film vous passera toute envie de mépriser les fans. Le plus amoral. Un bon vieux CD de Vincent Lacroix est conseillé.

En troisième position, Xavier Dolan avec « Mommy » (10/10). Ce film a remporté le prix du jury lors du festival de Cannes 2014, et Xavier Dolan a partagé sa récompense avec « Adieu au Langage » de Jean-Luc Godard. Le plus inventif, même si la réalisation gagnerait à être resserrée. Xavier Dolan pourrait être à l’origine d’une nouvelle vague cinématographique. Le patois canadien est un régal (surtout les jurons), les crises de fou rire contagieuses, et quelques répliques cultes « -C’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on peut le sauver –Les sceptiques seront confondus ». Il est question d’une mère qui élève seule son fils adolescent diagnostiqué TDAH hyperactif et violent, dans un Canada futuriste où une loi permet d’abandonner son enfant. En play-list : Shinead O’Connor, par exemple, ou Dido.

Cinquième position (6/10) : « Saint Laurent » de Bertrand Bonello, qui explique « s’être concentré sur une période précise de la vie et l’œuvre d’YSL : des années 1967 au défilé de 1976, car il faut du temps pour parler du temps, et que cette décennie constitue les prémices de ce qui va arriver ensuite, dans la carrière du plus dingue et le plus créatif des grands couturiers Français ». Le réalisateur s’est attaché à « s’approcher du mythe Saint Laurent sans le rationnaliser, pour cela il y a Wikipedia ». Son ambition était plutôt d’expliquer « ce que ça coûte d’être Yves Saint Laurent ». Un processus créatif révolutionnaire indissociable d’une vie excessive. Le plus impressionniste, même si un peu long et parfois lénifiant. Ne pas commettre l’erreur de comparer au film « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert, qui affiche d’autres partis pris. Musique originale de Bertrand Bonello, artiste complet, comme Charlie Chaplin. La Callas, trop convenu ? Optez pour Klaus Nomi.

Sixième et septième position, ex-aequo (1/10). Deux films d’écolier(e)s. « Bande de filles » de Céline Sciamma. Quatre jeunes noires de cité rackettent, dérivent, se battent, s’insultent, se fourvoient, se délitent entre le centre commercial des 4 temps à La Défense et le Forum des Halles. So what ? Rihana à fond dans son casque over-size, pour en rajouter, à cette somme de banalités. Le plus cliché. D’autant plus regrettable que les précédents films de Céline Sciamma traitent avec justesse des atermoiements de l’enfance et de l’adolescence.

« Les héritiers » de Marie-Castille Mention-Schaar, réalisé à partir d’une histoire vraie. Une classe de seconde en déliquescence se solidarise grâce à une professeure béate (Ariane Ascaride dans un rôle de complaisance) en participant au concours national de la résistance et de la déportation. Le plus civique, même si le cours consacré à la définition d’un génocide oublie de rappeler que le peuple Arménien a été le premier exterminé. Un génocide qui demeure nié, certes, mais dont un professeur d’histoire-géographie ne peut faire l’impasse, étant donné le rôle joué par la France pour sauver plusieurs milliers d’Arméniens. Film le plus pathos aussi, sur fond de Shoah. L’un des élèves, Ahmed Dramé du lycée Léon Blum de Créteil, est à l’origine du projet : il a écrit, avec une incroyable lucidité, l’ébauche de scénario à partir de son propre vécu dans cette classe. Dommage que la réalisatrice soit passée à côté de cette histoire-là, celle d’Ahmed, et peut-être un peu aussi à côté de la musique. Plutôt que Ravel ou Debussy, il y avait Sibélius ou Gorecki.

Tous les acteurs, y compris les 4 jeunes filles du film de Céline Sciamma, recrutées dans la rue ou aux « 4 Temps », sont remarquables. Pas un(e) ne dénote. Un casting éblouissant, qui mérite la note maximale, et même au-delà.

Un festival chargé d’émotions, de rires et de pleurs, d’estomacs noués, de tensions nerveuses, de débats et d’échanges, de rencontres, formidablement organisé par l’équipe de @ELLEfrance. A noter : la présence d’invités surprises. Acteurs et réalisateurs souriants, détendus, simples et accessibles : Ahmed Dramé, très à l’aise, en compagnie de Marie-Castille Mention-Schaar ; la bande de filles au complet : Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Idrissa Diabaté ; Sandrine Kiberlain fraîche et naturelle ; Bertrand Bonello, qui passe presque inaperçu et qui pourtant réalise une œuvre marquante sur le monde de la mode.

Les journalistes de la rédaction compilent les notes des jurées, en vue du dévoilement du film lauréat. En attendant, on soigne un ciné-blues, une gueule de bois cinématographique ou les deux à la fois.

Plus d'informations sur le #GPcineELLE sur le site www.elle.fr

Sandrine Kiberlain, "Elle l'adore" de Jeanne Herry, invitée surprise du #GPcineELLE

Sandrine Kiberlain, "Elle l'adore" de Jeanne Herry, invitée surprise du #GPcineELLE

Bertrand Bonello, réalisateur de "Saint Laurent", invité surprise du #GPcineELLE

Bertrand Bonello, réalisateur de "Saint Laurent", invité surprise du #GPcineELLE

Tag(s) : #Cinema
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :