Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Expo : Robert Mapplethorpe

L’influence de Michel-Ange traverse les siècles, les continents, et révèle les grands artistes. Gustave Doré (cf pige dans le n° 72 d’avril du mensuel de l’actualité romanesque « Service Littéraire ») ou Robert Mapplethorpe, tous deux à l’honneur à Paris ce trimestre.

Les photographies de #mapplethorpe, exposées à la fois au Grand Palais, et au Musée Rodin où elles sont mises en perspectives avec l’œuvre du sculpteur éponyme, sont modelées avec soin, ciselées, shootées avec un œil acéré et raffiné, empruntes d’une esthétique parfaite des corps, de chaque parcelle d’une anatomie, du moindre grain de peau, et des visages. « J’aime beaucoup photographier les têtes des gens. Je les conçois comme mes torses et les considère comme de vraies sculptures », affirmait #mapplethorpe.

Une pureté et une beauté chaste émanent de ces clichés, même des images les plus crues. Même des sexes en érection, même lors des prises de vues SM ou les séances de bondage. Jamais, à aucun moment, il n’est question de voyeurisme, de vulgarité, de décadence. L’héritage de #mapplethorpe s’apparente à la grâce, l’envol, à la félicité. Il a décelé et prophétisé une poétique identique dans les fleurs et dans les pénis. « Le sexe est magique. Si vous le canalisez bien, il y a plus d’énergie dans le sexe que dans l’art », révélait-il.

L’exposition qui lui est dédiée au Grand Palais est placée sous le sceau de l’illumination divine, tout en mauve et en ombres, et la référence au catholicisme et à l’église est patente, qui a constituée pour #mapplerthorpe enfant, un imaginaire, la magie et a peut-être déclenché le goût du fantastique ou de l’interdit (la photo avec la pomme, symbolique et métaphorique, qui peut rappeler Blanche-Neige, ou Eve). Chronologique, elle rend hommage au parcours photographique de l’artiste. Il est beau, jeune éphèbe dont la sexualité tâtonne, et s’approche trop vite de la mort s’appuyant sur son bâton orné d’une tête de mort. Malade, il demeure délicat, fidèle à son obsession et son idéal de beauté. Son œuvre se lit comme une longue vanité, et nous traversons son univers, sa vie et son panthéon d’amis avec émotion, recueillis : Warhol, Lyon, Wagstaff, Sontag, Burroughs, Salomon, et bien sûr, Patti Smith, son étoile bleue, lorsqu’ils étaient « Just Kids ». Patti Smith écrira : « Nous étions comme deux enfants jouant ensemble, comme le frère et la sœur des Enfants Terribles de Cocteau ». Cela donne envie de réécouter les poèmes de Ginsberg, Howl ou Spell, lus par Patti Smith accompagnée au piano par Philip Glass.

Sacrée est la vie…

(Patti Smith à retrouver sur « Service Littéraire, » n° 39 de mars 2011 : une pige consacrée à la sortie de « Just Kids »)

Au Musée Rodin, le corps humain est statufié, les bustes, les jambes, les sexes, les cuisses, les dos musclés et moulés à la façon de Rodin. Comme les danseurs. L’on ne peut se détacher de Noureev ou Donn dans ces photos et la comparaison entre les artistes est stupéfiante, en noir et blanc. Auréolée, là aussi, d’une aura christique. Peut-être la luminosité qui parvient à transpercer les vitraux de l’hôtel particulier de la rue de Varenne, n’y est pas pour rien.

Robert #mapplethorpe disait « Si j’étais né il y a cent ou deux cents ans, j’aurais été sans doute sculpteur, mais la photographie est une façon rapide de regarder, de créer une sculpture », ou encore « Quand j’ai exposé mes photographies (…), j’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de bite, puis un portrait, de façon à ce qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose », puis « Enfant, j’étais catholique et j’allais à l’église tous les dimanches. Une église a une certaine magie et un certain mystère pour un enfant. Cela montre encore aujourd’hui comment j’organise les choses. Ce sont de petits autels ».

A ceux qui prétendent aujourd’hui que #mapplethorpe serait « ringard », je réponds qu’ils ont tort : l’artiste était visionnaire et demeure intemporel.

L’un de ses successeurs pourrait s’appeler David Kawena, qui se revendique également de Michel-Ange ou Disney. Nous devrions être fiers de poster notre courrier à présent, car l’un des deux co-auteurs du fameux timbre Marianne, en l’occurrence le dessinateur du visage, s’avère être David Kawena. Le geste de sa main qui enveloppe avec grâce un visage aux traits d’une perfection proche de ce que recherchait #mapplethorpe est digne d’un créateur qui a su s’approprier les codes esthétiques classiques pour nous les restituer sur l’objet le plus quotidien, le plus petit, le plus banal en apparence. Nous sommes loin, bien loin d’un visage inspiré d’une Femen ! La création est beaucoup plus audacieuse, étudiée et maîtrisée.

C’est d’art dont il est question, et aussi de panache. Cet art qui passe outre les horizons, les frontières, les races ou les sexes. Cet art qui rend les peuples égaux. Cet art qui appelle à la fraternité.

http://www.mapplethorpe.org, le site de la fondation #mapplethorpe

http://www.grandpalais.fr, jusqu’au 13 juillet (Galerie Sud-Est), ou lien direct de l’expo http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/robert-mapplethorpe

www.musee-rodin.fr, jusqu’au 21 septembre (79 rue de Varenne) ou lien direct de l’expo http://www.musee-rodin.fr/fr/exposition/exposition/mapplethorpe-rodin

www.davidkawena.deviantart.com et https://www.facebook.com/david.kawena

www.servicelitteraire.fr

Tag(s) : #Expositions
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :