Perros-Guirec (22)
23 janvier 2012 / Le Télégramme
A l'occasion du 70e anniversaire du naufrage du sous-marin Surcouf, l'association «Aux marins» part à la recherche de la famille d'un certain Marcel Le Dantec, mort pour la France. Un jeune Perrosien né le 6 juin 1921...
Georges
Kévorkian est sur le pied de guerre. Pilote de la commission historique de l'association «Aux Marins» qui se charge de perpétuer le souvenir des militaires péris en mer, ce Brestois, spécialiste
des abysses (*), lance un avis de recherche. Et pas n'importe lequel. Avant la commémoration du 18mai, à Plougonvelin (Finistère), le bénévole et ses amis espèrent retrouver la famille de Marcel
Alexandre LeDantec. Un Perrosien «mort pour la France» voici bientôt 70 ans et qui pourrait, si ses éventuels proches s'en accordent, voir son nom inscrit au cénotaphe de la Pointe Saint-Mathieu,
«au même titre que ses 130compagnons (127 Français, trois Anglais) disparus à bord du Surcouf, le 19février1942». «Le quartier-maître mécanicien Le Dantec n'était pas à bord quand le croiseur
sous-marin Surcouf a sombré», relate Georges Kévorkian. «Peu de temps avant le drame, il avait été débarqué aux Bermudes. Il était malade, probablement le typhus. Selon nos sources, il s'est
vraisemblablement éteint à l'hôpital le 3mars1942».
Concours de circonstances
Un concours de circonstances qui ne saurait le désolidariser plus longtemps du reste de l'équipage, estime l'association. Encore faut-il qu'un
parent réponde présent à l'appel de la mémoire. Une mémoire en l'occurrence bien maigre. Du jeune Le Dantec, Georges Kévorkian sait peu de chose. Si ce n'est ce que veut bien en dire son extrait
d'état civil où l'on apprend que le marin est né à Perros-Guirec le 6 juin1921, à 5h du matin, de l'union de Fernand et Valentine Le Dantec, ses parents marin de commerce et
ménagère.
Sous l'uniforme de la Navy
Présent dans les registres de la Royal Navy, dixit Georges Kévorkian, on sait aussi de Le Dantec qu'il avait rejoint les Forces navales
françaises libres (FNFL) et qu'il servait sur un bâtiment singulier. Singulier, parce que le Surcouf était, à l'époque, le plus grand sous-marin du monde (110m de long pour 4.218t en plongée).
Singulier parce que le Surcouf demeurait un exemplaire unique. Singulier, enfin, parce que le Surcouf a appareillé en 1940 de Brest pour Plymouth afin d'«éviter d'être capturé par les Allemands».
Mais sorti de ces quelques lignes, guère plus d'éléments biographiques à rajouter à cette page d'Histoire. En attendant d'éventuelles nouvelles, Georges Kévorkian précise le scénario funeste qui
engloutira le fleuron de la marine française: selon la thèse américaine, le Surcouf aurait été abordé puis coulé accidentellement dans le golfe du Mexique, par le cargo américain «Thomson-Lykes».
Une autre thèse, prise très au sérieux par l'association, voudrait que le Surcouf, qui repose par 3.000m de fond, ait été coulé par méprise par des avions américains, l'US Air Force l'ayant
confondu avec un sous-marin allemand.
Arnaud Morvan
*
Auteur de l'ouvrage «Accidents des sous-marins français 1945-1983», éd Marines éditions.