Pour Raymond Depardon, tout a basculé en 1984. Lorsque la couleur l’envahit. Ses photographies questionnent alors l’âme humaine et expriment une authenticité. Il saisit des instants vrais. Des regards, des gestes, des attitudes qui ne peuvent mentir, et les sublime par ses cadrages en couleur. Avide de tout, de tou(te)s, il photographie la vérité. Comme les reporters. Plus encore. La couleur offre davantage, permet d’explorer mieux, plus loin, plus fort. La couleur lui rappelle son enfance en Orient, un continent multicolore et lumineux. Explosif.
L’exposition qui lui est consacrée au Grand Palais permet un focus sur ces clichés-là, du photographe-reporter Raymond Depardon. Celui qui ausculte les cœurs et pénètres les corps, ici ou là-bas, dans une ferme, sur une plage ou dans un pays en guerre. Il prétend qu’il réalise « des photos que tout le monde pourrait faire mais que personne ne fait ». C’est vrai. Ses images sont banales, et pourtant elles dégagent de l’extraordinaire : la vie glorieuse, même dans les bouges insalubres. Il rend le formica flamboyant, des funérailles joyeuses, une ville sinistre étincelante. Il illumine et ravive, en silence et en douceur. Plus qu’une exposition, il s’agit d’une traversée de la vie, avec ses hauts et ses bas, qui comporte toujours, quoiqu’il en soit une lueur d’espoir triomphante, de l’éclat. Toutes ses choses vues et figées nous inondent de soleil.
« Un moment si doux » Raymond Depardon. Jusqu’au 10 février 2014. Galerie sud-est du Grand Palais, Paris.
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/raymond-depardon-un-moment-si-doux
La photo, affiche de l’exposition, constitue un autoportrait au Rolleiflex (posé sur un mur) 1er scooter de marque Italienne « Rumi », étiquette de presse sur le garde-boue, Ile Saint-Louis. Paris, 1959 ©Raymond Depardon/Magnum Photos : symbole de cette douce liberté que Raymond Depardon saisit.